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Critique – The Place Beyond The Pines

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Réalisation : Derek Cianfrance
Scénario : Derek Cianfrance, Ben Coccio et Darius Marder
Production : Electric City, Entertainment, Hunting Lane Films, Pines Productions, Sidney Kimmel Entertainment et Silverwood Films  Société de distribution: StudioCanal (France).
Bande originale : Mike Patton
Origine : USA
Date de sortie : (US) 29 mars 2013 (Fr.) 20 mars 2013

Casting : Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes, Rose Byrne, Dane DeHaan, Ben Mendelsohn, Ray Liotta, Emory Cohen,…

Il y a des films pour lesquels, tu n’arrives pas à échapper à la promotion. Des spots qui sortent toutes les semaines (parfois, on n’a plus besoin d’aller voir le film), des stills à tout va, la bande-annonce passant à chaque fois que tu vas au cinéma, etc,… Pour d’autres, il se peut que tu ne saches  rien du film quand tu vas le voir. The  Place Beyond The Pines est dans cette catégorie. Du film, je ne connaissais que le titre, le nom de 3 acteurs (Ryan Gosling, Bradley Cooper et Eva Mendes) et celui du réalisateur.  Je me suis donc rendue à l’Avant-Première, organisée par mon UGC, sans savoir sur quoi j’allais tomber. Blue Valentine m’avait énormément plu alors pourquoi pas ? Soyons fou.

Verdict ?

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Synopsis: Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du globe de la mort. Quant à son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’Etat de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui désormais sont sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’Avery Cross. 15 ans plus tard, leur deux fils se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

Après le touchant et intimiste Blue Valentine (sorti en 2010), Derek Cianfrance revient avec Ryan Gosling, qui joue un cascadeur emprunt de mystère et vagabond mais rappelé par son devoir de père. On rajoute une Eva Mendes dénuée du maquillage habituel et un flic, à l’ambition très élevée,interprété par Bradley Cooper, vous obtenez The Place Beyond The Pines.  Derek Cianfrance dit s’être inspiré des œuvres d’ Abel Gance et Alfred Hitchcock, soit Napoléon et Psychose, respectivement.  Le réalisateur a voulu se détacher d’un montage classique et nous a livré un triptyque fort alliant la paternité et les conséquences des choix sur l’héritage laissé aux enfants des protagonistes. Nous faisons face à trois histoires contenues dans une seule.

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Quand le film commence nous voyons un Ryan Gosling de dos marchant vers le lieu de son numéro et rejoignant ses collègues pour accomplir une cascade dangereuse et synchronisée entre les 3. La vie de Luke dépend de ses camarades : cette ouverture permet d’installer l’histoire du film puisque celui-ci semble se construire autour d’un même et seul fil rouge: le secret qui pèse sur la rencontre Luke/Avery et qui aura un impact direct et fort sur la vie de chacun. Cette histoire est accompagnée de trois autres : celle de Luke, celle d’ Avery et la toute dernière, celle de leurs fils, Jason et A.J. Accompagnées d’une vraie force narrative, elles se rejoignent chronologiquement, avec fluidité ( Avery Cross tue Luke, il lui prend la vie mais aussi la place centrale dans l’intrigue. La mort du cascadeur est une sorte de relais pour le jeune policier).

Maniée avec intelligence, cette narration montre que le réalisateur n’a pas eu besoin d’avoir recours au flash-back pour faire revenir son premier personnage (Luke), ni de faire des allers-retours entre les parties. Sa présence est palpable tout au long de l’œuvre. Elle hante tous les protagonistes mais aussi les spectateurs, assis devant l’écran. C’est une des forces de ce long-métrage.

La narration est aussi sublimée par les plans et le maniement de la caméra. Ce dernier est souvent frénétique, tremblotant et virevoltant mais ne donne jamais de violents mots de tête. Lorsque le réalisateur utilise ce système pour les courses poursuites, la caméra est maniée avec une telle habilité que nous ressentons toute la tension et l’urgence de ses séquences. Cela accentue le réalisme de la situation. Mais aussi quand Luke fait de la moto dans la forêt : ce montage représente l’adrénaline que peut procurer les chevauchées en moto. Enfin, la construction des plans prend une place prépondérante dans cette histoire d’héritage puisque nous remarquons que Derek Cianfrance utilise certains mêmes procédés pour filmer Ryan Gosling et Dane DeHaan, qui joue son fils dans la dernière partie: les plans,filmés,en plongée, avec la même douceur, cette beauté et des travellings qui suivent le virée en moto pour l’un et en vélo, pour le dernier, sur la même route. Séquences accompagnées d’une musique identique. Et n’oublions pas ce moment où les deux adolescents fument, en cachette, sous un tunnel sombre. Nous percevons seulement leur forme mais la façon dont ils mettent leur cigarette à la bouche, nous rappelle celle de Luke, dans la première partie. Comme dit précédemment, sa mémoire habite le film.

La deuxième partie souffre, toute fois, de quelques longueurs, qui la rendent moins dynamique que la précédente. Parfois, nous avons du mal à voir lien avec la première partie et où le réalisateur veut en venir. Cet essoufflement est vite corrigé par la 3ème histoire, qui nous emmène vraiment vers le message de Derek Cianfrance.

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Luke est interprété par un grand Gosling, un très grand. L’acteur, mis au devant de la scène internationale, avec son rôle dans Drive, arrive à s’accaparer l’image et il fait partie de ces acteurs qui n’ont pas besoin d’ouvrir la bouche, pour transmettre leurs émotions. Il joue parfaitement avec sa seule présence à l’écran. N’ai-ce pas prouvé par le magnifique plan-séquence de la scène d’ouverture ? Son dos et sa démarche suffisent à la rendre mémorable.

Même si la partie de Bradley Cooper fait ressentir un manque d’inspiration de Derek Cianfrance, il ne demeure pas moins bon que son partenaire. Il est tout de même handicapé par la comparaison avec Ryan Gosling mais reste très étonnant et tient, ici, son meilleur rôle. Il joue de mieux en mieux et montre qu’il peut s’imprégner les personnages, quelque soit le registre.

Eva Mendes ôte son habit de sex-symbol pour nous proposer une prestation touchante et sincère. Elle prouve qu’elle peut jouer autre chose qu’une potiche.

Mais la réelle surprise n’est autre que la présence d’un nouveau prodige; du cinéma américain: celle de Dane DeHaan. Après ses prestations remarquables dans Chronicle et Des Hommes sans loi (Lawless), il nous prouve, une nouvelle fois, qu’il peut manier la douleur, la colère avec crédibilité, sans en rajouter. Il permet de rendre les dernières minutes intenses et émotives. Bouleversant, il porte littéralement la 3ème partie sur ses épaules. Emory Cohen, qui joue le fils rebelle de Bradley Cooper,  paraît fade et effacé à côté du jeune acteur.

 

En Bref, The Place Beyond The Pines, au vu de ses défauts, n’est pas un chef-d’œuvre mais à le mérite d’être émotionnellement fort, bouleversant et sincère. Il repose sur une narration lisse et une réalisation qui permet d’être au plus proche des personnages et de leurs émotions et, ainsi, rendre le film réaliste. Le message y est clairement explicite et  l’excellent casting contribue à la réussite de ce long-métrage.

4,5/5

Bande-annonce en VOSTF:

https://www.youtube.com/watch?v=N7lPTA8QOsU


5 commentaires sur “Critique – The Place Beyond The Pines

  1. wildgunslinger
    04/04/2013

    Assez d’accord, j’ai apprécié ce film, même si pour moi la 3e partie est plus faible que les deux autres, en raison du fait qu’elle est très prévisible…

  2. Ashtray-Girl
    05/04/2013

    On en a globalement le même ressenti, et ton analyse est pertinente, et cerne bien les points forts du film, et ses faiblesses, aussi, qui l’en rendent plus touchant encore peut-être… Attention au « spoiler » en milieu de critique ;-)

    P.S.: On partage le même avis ET le même design de blog. Si c’est pas un signe, ça?!^^

  3. Pingback: 2013: Une riche année cinématographique | Le ciné de Virginie

  4. neots25
    27/02/2014

    J’ai globalement le même ressenti que toi. Les scènes sont intenses et vraiment nostalgique. Pour la 3e partie, il y a eu vraiment eu un ralentissement côté ryrhme et 2 acteurs inégaux, un plutôt bon, l’autre n’apporte pas grand chose. Très bel article.

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